Né en Haïti, immigré au Québec, citoyen canadien, Dany Laferrière est récemment devenu membre de l’Académie française. Cet auteur de 23 livres, dont plusieurs traduits en diverses langues, vient de publier 202 petites chroniques sur la lecture et l’écriture. Il dit avoir écrit Journal d’un écrivain en pyjama entre trois et sept heures du matin. Au moment où la ville s’active, il s’endort.
Le mot d’ordre de Laferrière pourrait se résumer à cette maxime : « Viser le cœur du lecteur, même si l’on sait que c’est avec sa tête qu’il lit. » L’ouvrage est d’ailleurs souvent un cri du cœur. Les réflexions demeurent personnelles, voire intimistes.
L’auteur a commencé à écrire sur une vieille Remington 22. Il était hypnotisé par la machine car il savait « qu’elle gardait dans son ventre toutes les phrases de son roman ». Encore faut-il les extirper et cela prend du temps, mais Laferrière en a du temps et toute sa fortune se résume au 26 lettres de l’alphabet.
Ces chroniques regorgent de réflexions judicieuses. Elles confirmaient parfois ce que j’avais moi-même appris en écrivant une dizaine de romans ou recueils de nouvelles ; à d’autres moments, elles m’offraient une explication comme celle-ci : « C’est en tentant de se décrire le plus justement possible qu’on finit par peindre les autres. »
Laferrière reçoit souvent des lettres d’écrivains à leurs débuts, lui demandant s’il accepte de lire leur manuscrit. Ordinairement il se contente de leur répondre « Prenez votre courage à deux mains et cherchez-vous un éditeur. » Il faut en effet une bonne dose de courage pour affronter les éditeurs et encaisser leurs lettres de refus. Une fois qu’on est publié, il faut encore du courage pour avaler le verdict de la critique.
Le conseil le plus utile que Dany Laferrière offre à ceux et celles qui désirent se lancer dans l’écriture est à la fois direct et encourageant. D’une part, il rappelle qu’« il y a très peu de récits vraiment nouveaux » ; tout ou presque tout a déjà été dit et écrit. D’autre part, ce qui peut être nouveau, « c’est le fait que ce récit-là passe à travers votre sensibilité ».
Dany Laferrière, Journal d’un écrivain en pyjama, chronique, Montréal, Éditions Mémoire d’encrier, 2013, 320 pages.