Il arrive fréquemment que l’on entende parler de pénurie de la main-d’œuvre dans certains secteurs. En veut-on un exemple flagrant? D’ici à 2019, c’est non moins de 800 éducateurs à la petite enfance dont les conseils scolaires et les garderies du Centre-Sud-Ouest auront besoin. « Ce sont les garderies qui nous appellent pour savoir s’il y a d’autres personnes qui ont complété le programme », mentionne Lorraine Lafond, gestionnaire de projet au Collège Boréal de London. Le programme en question, c’est celui destiné à former des praticiens du développement de l’enfant, un enseignement en deux volets dont le premier est désormais offert gratuitement par le Collège Boréal.
C’est le gouvernement ontarien, alerté par le manque drastique de professionnels de ce domaine dans le sud de la province, qui finance cette initiative non moins exceptionnelle. Le niveau 1 du programme, soit 45 semaines de cours à temps plein comprenant des stages pratiques, est désormais accessible gratuitement aux Ontariens de 16 ans et plus. Après avoir complété cette première phase, les étudiants peuvent ensuite travailler et être rémunérés tout en complétant le niveau 2, soit des cours en ligne se déroulant sur environ un an et demi.
Au plan pédagogique, en quoi consiste le niveau 1? Pour les étudiants chez qui cela s’avère nécessaire, une mise à niveau en français et en mathématique est d’abord offerte et varie en fonction des besoins de chacun. Ensuite, l’enseignement magistral est axé sur les responsabilités auxquelles feront face les éducateurs, soient l’évaluation des besoins des enfants, la planification d’un programme d’apprentissage adapté à leur développement, la préparation de jeux et d’activités, etc. Les étudiants apprendront également comment créer un environnement sain et sécuritaire pour les enfants en se familiarisant avec les règles de santé et de sécurité au travail. Ils obtiendront aussi les certificats SIMDUT (Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail), de secourisme général, de RCR (réanimation cardiorespiratoire) et apprendront également à utiliser l’auto-injecteur EpiPen (pour le traitement des réactions allergiques graves). Les rudiments de la recherche d’emploi sont inclus dans la formation car les participants seront responsables de se trouver un employeur où effectuer un stage en milieu de travail, une autre part importante de la formation. Tout dépendant de l’employeur, ces stages peuvent éventuellement mener à l’obtention d’un poste permanent.
Comme le fait remarquer Mme Lafond, gestionnaire du programme : « L’éducation à la petite enfance, ce n’est plus du babysitting. C’est une carrière qui évolue et pour travailler dans ce domaine, il faut absolument que ce soit des personnes qualifiées. » Alors que le niveau 2 mène à l’accréditation, le programme de préapprentissage, soit le niveau 1, permet d’acquérir l’essentiel des connaissances théoriques et parfois davantage. En témoigne Godelive Milambo, à l’emploi de L’Escale, qui a complété le niveau 1 et prévoit finir le niveau 2 en décembre prochain : « Le programme de préapprentissage est pour moi la clé de la réussite. J’ai beaucoup appris au Collège Boréal de London. Ça m’a donné des atouts pour bien travailler avec les enfants et aussi ça m’a appris des habitudes professionnelles, comme savoir traiter positivement une autre personne, la mettre à l’aise et respecter la différence. J’ai appris aussi des choses que j’utilise pour bien élever mes propres enfants. C’est le cas par exemple de l’importance des activités physiques et sportives pour un bon épanouissement de l’enfant. »
Eliane Ndayizeye, qui travaille à La Ribambelle tout en complétant le niveau 2, explique quant à elle combien les particularités propres au Collège Boréal l’ont aidée dans son cheminement : « Inscrite au programme de Praticienne/Praticien du Développement de l’Enfant [PDE] du Collège Boréal depuis 2012, j’ai beaucoup apprécié les services personnalisés qui ont favorisé mon adaptation et mon intégration aux études collégiales. Le programme PDE est exigeant mais le dynamisme de l’équipe dirigeante offre des services et activités axés sur la réussite scolaire, personnelle et professionnelle. C’est un programme que je recommanderai fortement aux autres candidates et candidats en développement et éducation des enfants. »
Quant à Rachel Kadima, elle aussi à l’emploi de La Ribambelle et qui en est également à la même étape dans son parcours académique, ce sont notamment les nombreuses possibilités de travail qui ont retenu son attention : « Après avoir perdu mon emploi, je me suis décidée à changer de carrière. La conseillère en emploi du Collège Boréal m’a parlé du programme d’apprentissage en Praticienne/Praticien du Développement de l’Enfant. Je me suis inscrite au programme. Dès la fin du 1er niveau, des cours théoriques et du stage, j’ai trouvé de l’emploi et présentement j’occupe le poste de superviseur pour La Ribambelle. Il y a beaucoup d’opportunités dans ce domaine, je ne le regrette pas. »
Lorsqu’il est question des corps de métier évoluant autours des besoins des enfants, l’habitude et le poids de la réalité imposent souvent l’usage du féminin pour parler du personnel propre à ces domaines. Le Collège Boréal, soucieux d’offrir des modèles aux jeunes garçons, espère contribuer au renversement de cette tendance : « On est aussi à la recherche d’éducateurs à la petite enfance, insiste Lorraine Lafond. On espère intéresser plus d’hommes à travailler dans ce domaine. »
Au Canada, c’est en Ontario que l’éducation postsecondaire est la plus coûteuse. C’est dire combien cette initiative révèle l’urgence pour les écoles et les garderies de se trouver des éducateurs à la petite enfance. Voilà donc une formidable occasion pour tous ceux et celles qui sont en réflexion quant à leur avenir professionnel.
Photo : Lorraine Lafond