Le parc Victoria est un des espaces publics les plus achalandés de London. Le 26 mai dernier, le Carrefour des femmes y tenait une activité de sensibilisation aux diverses formes de violence conjugale et sexuelle comme n’en avaient sans doute jamais vu la majorité des passants.
Le Projet Corde à linge est né aux États-Unis dans les années 1990. Il a pour objectif de donner une voix aux femmes ayant subi des sévices tout en donnant une visibilité à ces drames qui longtemps ont été tabous. Constatant son succès, le Carrefour des femmes a récupéré ce concept et l’a mis en œuvre à son tour.
Cette activité consiste à inviter les gens à décorer des chandails de messages et de dessins exprimant leur vécu ou leur solidarité en ce qui concerne les crimes à caractère sexiste. Certains exprimeront, en une allégorie, un drame dont ils ont eu connaissance, d’autres écriront des messages de sympathie, des slogans mobilisateurs, des encouragements à prendre courage, etc. Puis, ces chandails sont suspendus à des cordes à linge dans un endroit public où l’on ne s’attend pas à trouver pareille chose, ce qui suscite immanquablement la curiosité des promeneurs. Ceux-ci s’arrêtent pour s’enquérir de ce qu’il en est et les organisateurs ont ainsi l’occasion d’échanger avec eux sur cette réalité.
Le Carrefour des femmes s’est livré au même exercice au Citi Plaza : plusieurs passants, des femmes comme des hommes, ont pris le temps de décorer des chandails, y laissant des messages en français, en anglais et en espagnol. Puis, ceux-ci ont été suspendus au parc Victoria pendant toute une journée où Annie Bernard, agente de liaison communautaire au Carrefour, a discuté avec de nombreux curieux tout en remettant à certains de la documentation sur la campagne provinciale Traçons-les-limites, qui vise à prévenir et dénoncer la violence sexuelle. De grandes conversations entre Mme Bernard et quelques passantes se sont déroulées dans ce contexte, preuve qu’il y a des blessures qui demeurent vivent chez certaines personnes.
La couleur des chandails avait une signification que les participants à cette initiative avaient sélectionnée en fonction du type de violence qu’ils avaient connue ou qu’ils voulaient dénoncer. Le blanc symbolisait les femmes ayant été assassinées; le jaune, les brutalités verbales ou physiques; le rouge, l’orange et le rose, les victimes d’agressions sexuelles; le bleu et le vert, l’inceste; le violet, la violence contre les minorités sexuelles; et le noir, les victimes de violence politique.
C’était la première fois que le Carrefour des femmes tenait cette activité. Mai est le mois de la prévention des agressions sexuelles et ce type d’initiative contribue non seulement à briser le silence des victimes, mais aussi à briser le silence de la société. L’intérêt de la population a convaincu Mme Bernard de rééditer cette activité l’an prochain, cette fois, si possible, avec le concours d’autres organismes, de sorte que le parc Victoria pourrait alors être rempli de chandails.

Photo : des messages étaient écrits en français, anglais et espagnol.