London est surnommée « The Forest City ». Depuis 1984, le logo promotionnel de la ville est constitué d’un dessin d’arbre stylisé. Mais d’où vient cette réputation, cette association entre la ville et l’univers forestier? L’histoire locale en révèle l’origine de même que celles des nombreux parcs de la ville.
1793. Lord Simcoe, lieutenant-gouverneur du Haut-Canada, désigne le lieu où se trouve aujourd’hui London comme pouvant éventuellement devenir la capitale de la colonie. Situé à bonne distance de la frontière, au bord d’une rivière navigable et au centre de la région la plus populeuse du Haut-Canada, ce choix relève d’une indéniable logique. Cependant, à la fin du XVIIIe siècle, il n’y a guère autre chose à cet endroit qu’une épaisse forêt… C’est pour cette raison que Guy Carleton, gouverneur général pour l’Amérique du Nord britannique, rejette la suggestion de Lord Simcoe. Il faudra attendre longtemps pour qu’un nombre suffisant de colons s’établissent sur les lieux et que ne débute véritablement l’histoire de London, qui sera fondée en 1826.
Or, les premiers colons doivent affronter ce qui en son temps découragea Carleton : la forêt. Entravant le commerce, l’industrialisation et l’agriculture, les arbres furent abattus sans retenue pendant des années. À tel point qu’au bout d’une génération, alors que London était passée du statut de village à celui d’une petite ville, plusieurs commencèrent à regretter le dénuement des rues et des places publiques. Dès le début des années 1850, la presse locale commença à faire état des bienfaits que procurent les espaces boisés en milieu urbain, regrettant que l’aménagement de la ville n’ait pas épargné quelques arbres.
Mais London était encore pour plusieurs une ville de colonisation située au milieu de nulle part. C’est d’ailleurs en 1855 qu’apparaît l’expression « The Forest City », en référence à son isolement géographique. Il faudra donc attendre 1867 pour que soient entamés les premiers efforts destinés à reverdir la ville, lorsqu’un groupe d’hommes d’affaires se cotisèrent pour acheter des arbres qui seront plantés sur les flancs des voies principales. Cette initiative fut sans doute accueillie avec beaucoup d’enthousiasme par la population puisque les projets de reboisements se succédèrent ensuite avec davantage de moyens. En 1871 par exemple, au coût de 25 ¢ chacun, 15 000 arbres furent achetés et plantés ça et là, entre autres au parc Victoria nouvellement créé. Deux personnalités se distinguèrent plus particulièrement pour leur zèle à promouvoir la plantation d’arbres : James Egan, un échevin de London, et William Saunders, un scientifique éminent qui devint, en 1886, le premier président de la ferme expérimentale centrale d’Ottawa, un centre de recherche en agriculture.
Ce changement d’attitude et de politiques publiques se révéla un succès complet. Dès la fin du XIXe siècle, London avait changé d’aspect, avec ses nombreux arbres embellissant la ville et procurant ombre et fraîcheur durant l’été. L’expression « The Forest City » pouvait dorénavant prendre un tout autre sens.
Photo : Le charmant parc Kiwanis