Le XIXe siècle en est un de contrastes violents, de bouleversements sociaux jusque-là inimaginables et de développement des sciences les plus terre-à-terre comme des idéologies les plus folles. Un des traits caractéristiques de cette époque fut l’optimisme naïf entourant la recherche, la foi en une accumulation des connaissances qui devait être sans fin. Ce scientisme, cet humanisme un peu trop candide se brisa sur la Première Guerre mondiale mais entretemps, l’intérêt pour la science eut le temps de sortir des cercles académiques pour gagner le reste de la population. De cet enthousiasme populaire devait naître, en 1864, le club Nature London, regroupant les naturaliste amateurs de la ville. Un siècle et demi plus tard, cette association existe toujours et le Musée de London, depuis le 20 décembre dernier, lui rend hommage par une exposition.
À l’occasion des 150 ans de Nature London, cette exposition est un rappel d’un pan de la vie sociale et associative qui passe souvent inaperçu bien qu’ayant une riche et longue histoire. Celle-ci prend racines en pleine époque victorienne, alors que la fédération canadienne n’était qu’un projet en discussion. À London, un groupe de passionnés de la nature prend la décision de doter la ville d’une antenne locale de l’Entomological Society. L’étude des insectes occupe ces scientifiques amateurs pendant de longues années jusqu’à ce que, en 1890, l’association se pourvoit de sections dédiées à l’ornithologie, la botanique, la géologie et la microscopie. Il semble bien que l’ornithologie ait attiré à elle l’intérêt de tous ces amateurs d’histoire naturelle puisque seule cette section était toujours active en 1903. Cette même année, l’association changea son nom pour McIlwraith Ornithological Club, rendant par là hommage à un ornithologue amateur de Hamilton bien connu dans le Sud-Ouest. Après s’être appelée McIlwraith Field Naturalists à partir de 1965, l’association se dotera de son nom actuel en 2009. Les autres domaines d’études avaient depuis longtemps fait leur réapparition et aujourd’hui, Nature London se consacre à la protection des espaces naturels en péril et offre une gamme d’activités à ses membres en fonction de leurs goûts.
Ces changements d’orientation s’expliquent en partie par les besoins propres aux époques traversées par l’association. « Leur grand intérêt est devenu de préserver l’environnement. La science est encore là mais, au début du XXe siècle, il y a eu un processus de professionnalisation de la science. C’est maintenant plus facile d’avoir un emploi en science et les travaux des amateurs n’ont plus la même importance », observe Amber Lloydlangston, curatrice de l’exposition.
Avec Nature London, la recherche, l’implication sociale et les joies de la vie associative font bon ménage et constituent une recette fascinante qui intéressera les visiteurs du Musée de London. Outre les biens prêtés par l’association, l’exposition a bénéficié de l’apport de l’Université de
Guelph, du Département de biologie de l’Université Western et de la collection du Musée de London. Jusqu’au 29 mars, artéfacts, photos d’archives et activités interactives feront comprendre ce en quoi a consisté cette association d’hier à aujourd’hui et quelles ont été les motivations de ses membres, en particulier ses fondateurs. De la volonté d’aider les agriculteurs à obtenir de meilleures récoltes grâce à leurs découvertes au désir de militer pour préserver l’environnement face à l’industrialisation et l’urbanisation, les membres de Nature London ont toujours cherché à faire profiter la communauté de leur passion.
Bien que l’exposition sera en montre depuis six semaines, la réception d’ouverture aura lieu le 30 janvier à 20 h. Ce sera un évènement gratuit pour lequel tous sont les bienvenus. Intitulée Nature London at 150, cette exposition représente une occasion parfaite pour découvrir une facette méconnue de l’histoire locale et un passe-temps qui fera peut-être quelques nouveaux adeptes.