Cet hiver, le Musée de London, sur la rue Ridout nord, prouve encore une fois qu’il est à la hauteur de son mandat en conjuguant les plaisirs de l’esprit avec ceux des yeux. Cependant, la balance penche bien davantage du côté des attraits visuels – ce dont personne ne se plaindra – avec notamment une exposition intitulée Taking the Long View.
Celle-ci a pour particularité d’être permanente. Le Musée a procédé à un réarrangement de ses expositions et une partie notable de sa collection figurera ainsi bien en vue au second étage. L’institution a voulu changer un peu sa façon de faire en misant non seulement sur la qualité, comme il se doit, mais aussi sur la quantité : la disposition très espacée des oeuvres qui caractérise souvent les expositions a fait place à des murs complets couverts de toiles jusqu’au plafond. Le visiteur se voit donc submerger dans un univers bigarré qui le fait passer, en quelques pas, de l’ancien au contemporain, du régional au national et de l’art du portrait à celui du paysage. Regroupées sous ces thématiques, les nombreuses toiles et les quelques sculptures interpellent davantage l’admiration devant ce panorama artistique que la réflexion, guère de détails étant de toute manière fournis pour expliquer ce qui est exposé.
Ce n’est pas le cas de l’exposition The Tangled Story of Hair qui explore, avec un brin d’espièglerie, la relation que la société entretient avec la pilosité. Symboles de beauté dans le cas des cheveux, de virilité ou de sagesse en ce qui concerne la barbe, reflets des standards d’une société et accessoires des modes du moment, les poils qui poussent sur la tête ont toujours été utilisés pour se singulariser, pour représenter quelque chose ou pour leur conférer une utilité. Certains artéfacts illustrent aussi des coutumes autrefois répandues et aujourd’hui oubliées telles les oeuvres d’art faites avec des cheveux à l’époque victorienne.
Avec Pushing Paper, le Musée de London rappelle l’importance d’une matière qui passe inaperçue mais qui occupe une place considérable dans la vie de tous les jours. Le papier est en effet omniprésent et, par ses usages multiples, peut à bon droit être considéré comme une des plus grandes inventions. L’exposition lève le voile sur certains de ces objets en papier tombés en désuétude, tels les éventails ou les cartes de danse, un carnet-souvenir listant les danses d’une soirée avec pour chacune ou espace où la propriétaire pouvait inscrire les noms de ses cavaliers. Qui plus est, le papier a aussi inspiré des artistes qui s’en sont servi, comme le visiteur le constatera, pour créer des oeuvres des plus délicates.
L’exposition Creative Cloth se penche sur une autre invention dont on pourrait dire qu’elle est vieille comme le monde: le tissu. Encore une fois, ce produit tout usage est à la frontière entre la nécessité pratique, l’art et les conventions sociales. C’est pourquoi les visiteurs pourront voir dans cette exposition un vieux rouet comme en utilisaient les femmes pour filer au XIXe siècle, une tenture murale représentant la culture inuite, l’uniforme civil porté par Ray Lawson, un natif de London qui fut lieutenant-gouverneur de 1946 à 1952, etc.
Dans The Art of Music, le musée a choisi de mettre de l’avant la créativité des élèves des écoles anglophones de London en les invitant à créer une oeuvre visuelle sur le thème de la musique. Ce que les visiteurs pourront admirer est une sélection d’une centaine d’oeuvres qui toutes sont accompagnées d’une brève explication de leur créateur quant à ses motivations et à ce qu’il a voulu communiquer. Les portraits d’artistes abondent mais aussi les représentations plus conceptuelles quant à la place qu’occupe la musique dans la société ou dans la vie de ces jeunes en particulier.
Cette exposition s’inscrit dans la volonté du musée de souligner la cérémonie des prix JUNO qui se tiendra en mars à London. Quatre autres expositions capitalisent sur cet événement majeur en mettant en lumière le rôle des femmes dans l’industrie de la musique, en présentant des oeuvres visuelles réalisées par des chanteurs et musiciens, en exposant des affiches du prix Polaris Music et en retraçant l’histoire des prix JUNO par la photographie.
Les prochains mois seront donc captivants au Musée de London avec une programmation aussi intéressante que chargée.
PHOTO: Taking the Long View met en valeur un grand nombre de toiles.