Le Comité international olympique a beau continué de tergiverser sur le sort des Jeux olympiques de Tokyo, le Canada a fait son choix et il n’y enverra pas ses athlètes à moins d’un report en 2021.
Le Comité olympique canadien (COC) et le Comité paralympique canadien (CPC) ont émis un communiqué conjoint pour annoncer cette décision difficile, en fin de soirée dimanche. Ils sont appuyés en ce sens par leurs Commissions des athlètes, leurs organismes nationaux de sport (ONS) et par le gouvernement du Canada.
Le Canada devient le premier pays à trancher de cette façon en faveur d’un report d’un an alors que le monde est plongé dans une pandémie de COVID-19.
« Le COC et CPC lancent un appel d’urgence au Comité international olympique (CIO), au Comité international paralympique (CIP) et à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de reporter les Jeux d’un an, peut-on lire dans le communiqué. Et nous leur offrons notre soutien total et notre contribution pour traverser les complexités provoquées par un report des Jeux.
« Bien que nous reconnaissions les défis inhérents liés à un tel report, rien n’est plus important que la santé et la sécurité de nos athlètes et de la communauté mondiale. »
Le COC a ajouté que « cette décision ne relève pas uniquement de la santé des athlètes, c’est une question de santé publique. »
La lutteuse Erica Wiebe avoue avoir le coeur brisé suite à cette annonce.
« Ce fut une semaine mouvementée. Je me suis qualifiée pour Tokyo samedi dernier, obtenant officiellement mon laissez-passer et une semaine plus tard, voilà qu’il n’y a rien de certain. Avec un peu de chance, le CIO pourra reporter (les Jeux) d’un an. »
Vives critiques
Le CIO est l’objet de vives critiques ces derniers jours pour son entêtement à vouloir tenir l’événement à la date prévue en juillet.
En matinée dimanche, le président du CIO, Thomas Bach, a toutefois reconnu qu’il se donnait une fenêtre de quatre semaines pour déterminer le sort des Jeux et que l’organisme envisageait des options, y compris un report.
C’était la première fois depuis le début de la pandémie que le CIO admettait qu’il envisagerait d’autres options.
Bach et le comité organisateur du Japon ont constamment dit que les Jeux se dérouleraient comme prévu.
Le premier ministre du Japon, Shinzo Abe, a lui aussi changé son fusil d’épaule, lundi, lors d’une session du parlement, stipulant que le report des Jeux serait inévitable s’ils ne pouvaient pas être organisés de manière complète en raison de l’impact de la pandémie de COVID-19.
La tenue des Jeux olympiques comme prévu à partir du 24 juillet au Japon est au coeur des préoccupations internationales puisque la pandémie s’est propagée à l’échelle mondiale.
Plusieurs pays, dont le Canada, sont pratiquement fermés, ce qui signifie que les salles d’entraînement, les piscines et les gymnases le sont aussi pour les athlètes qui devraient être dans une forme optimale dans quatre mois.
L’interdiction de voyager a également éliminé la possibilité de s’entraîner à l’étranger. De nombreuses compétitions, dont d’innombrables qualifications olympiques, ont été reportées.
« En tant qu’athlète, il est assez clair pour moi que ça n’aura pas lieu comme prévu, a affirmé la boxeuse Mandy Bujold, double championne des Jeux panaméricains, plus tôt dimanche. Il va falloir du temps pour décider de la meilleure option. J’espère personnellement que ce sera un report et non une annulation complète. »
Le Comité olympique australien a également emboîté le pas, lundi matin, en conseillant à ses athlètes de se préparer pour les Jeux en 2021.
Ian Chesterman, le chef d’équipe de l’Australie pour les Jeux olympiques de Tokyo, a stipulé qu’il était clair que les jeux ne pouvaient pas avoir lieu en juillet.
« Nos athlètes ont été magnifiques dans leur attitude positive en poursuivant leur entraînement et leur préparation, mais le stress et l’incertitude ont été extrêmement difficiles pour eux », a déclaré Chesterman dans un communiqué.
Le directeur général du Comité olympique australien, Matt Carroll, a déclaré que l’Australie avait des athlètes basés à l’étranger et d’autres qui s’entraînaient dans des endroits centraux du pays.
« Avec les voyages et autres restrictions, cela devient une situation intenable », a soutenu Carroll.
Enfin la lumière
Certains athlètes canadiens sont réconfortés par le fait qu’il y ait de la lumière – un délai de quatre semaines – au bout du tunnel.
« Je suis heureux qu’ils nous aient donné une date, a souligné Brent Lakatos, 11 fois champion du monde de course en fauteuil roulant. Je comprends qu’ils ont besoin de plus de temps pour décider quoi faire, mais avec la façon dont vont les choses récemment, je ne peux pas m’imaginer qu’ils ne vont pas reporter les Jeux. »
Les critiques envers la position du CIO ont pris de l’ampleur dernièrement. Les organes directeurs américains en athlétisme et en natation ont sommé les officiels olympiques de reporter les Jeux. Natation Canada a ensuite emboîté le pas.
Le comité national olympique du Brésil, de la Slovénie et de la Norvège font partie de ceux qui demandent un report jusqu’à ce que la crise sanitaire mondiale se calme.
Kia Nurse, une vedette canadienne en basketball, a mentionné qu’elle a confiance que le « Comité olympique canadien et les responsables canadiens en santé qui doivent prendre des décisions difficiles le feront dans l’intérêt du personnel, des partisans et des athlètes canadiens. »
Depuis les premiers Jeux olympiques modernes, à Athènes, en 1896, les Jeux n’ont été annulés qu’à trois occasions, soit en 1916, en 1940 et en 1944, pendant les guerres mondiales. Il y a eu trois boycottages majeurs, en 1976 à Montréal, en 1980 et en 1984.
Il y a plus de 350 000 cas de coronavirus recensés à travers le monde et plus de 15 000 décès.
SOURCE : La Presse canadienne