Les dernières projections de l’Agence de la santé publique du Canada calculent que le nombre de nouveaux cas quotidiens de la COVID-19 atteindrait entre 10 000 et 22 000 en décembre. Ça, c’est à condition que les Canadiens maintiennent leurs contacts au niveau actuel.

En ce moment, la moyenne quotidienne est d’environ 4800 nouveaux cas par jour, au pays.

L’administratrice en chef de l’agence, Theresa Tam, présentait sa plus récente modélisation le vendredi 20 novembre, à Ottawa.

« La croissance épidémique s’accélère », a-t-elle souligné, notant qu’il y a 15 % plus de cas cette semaine, par rapport à la semaine dernière. Nous ne sommes pas sur une bonne trajectoire, a insisté Dre Tam.

« Même maintenant, le système de soins de santé dans certaines juridictions, certaines villes, ressent déjà de la pression. Si ceci arrive maintenant, vous pouvez imaginer que ces travailleurs de la santé épuisés ne pourront pas faire face (à une augmentation de cas) », a-t-elle dit.

Dre Tam estime que si le nombre de contacts entre les Canadiens augmentait, le nombre de cas quotidiens monterait en flèche en décembre pour atteindre les 60 000. La modélisation ne quantifie cependant pas le nombre de contacts nécessaires pour pareil scénario catastrophe.

« C’est très difficile à quantifier, a expliqué Dre Tam. Mais, absolument, n’augmentez pas le nombre de contacts que nous avons maintenant, sinon nous serons vraiment en difficulté. »

La capacité des systèmes de soins de santé du pays « n’est pas sans limite », a renchéri la ministre fédérale de la Santé Patty Hajdu, présente aux côtés de Dre Tam.

« La plus grande limite, ce sont les gens, les professionnels de la santé (…) Ces gens travaillent sans arrêt depuis 10 mois et ils sont épuisés », a rappelé la ministre.

Les autorités fédérales appellent donc, une fois de plus, à limiter au maximum les contacts et déplacements.

« Avec la saison des Fêtes qui approche, ce ne sera pas facile, a admis la ministre Hajdu. Mais je sais que nous pouvons être créatifs. »

La veille, le gouvernement Legault a décidé de permettre les rassemblements d’un maximum de 10 personnes du 24 au 27 décembre afin de pouvoir célébrer les fêtes de fin d’année.

Quel effet cette décision aura-t-elle sur les projections des autorités fédérales de santé publique?

Theresa Tam a été incapable de répondre à cette question. « Ce genre de projections à l’échelle nationale ne peut pas évaluer l’impact de chaque scénario spécifique sur différents terrains », s’est-elle justifiée.

Son adjoint, Howard Njoo, n’a pas hésité à approuver la décision des autorités québécoises. « Je suis d’accord avec ce que le gouvernement du Québec a commencé à faire », a dit Dr Njoo.

« C’est vraiment les autorités de la province (…) qui connaissent mieux c’est quoi la réalité sur le terrain dans la province de Québec, a-t-il offert d’emblée. Si tout le monde prend au sérieux ce qu’on fait (…): limiter les contacts, faire peut-être même comme une auto-quarantaine une semaine avant les fêtes, peut-être qu’on peut avoir des rassemblements (…), je pense, plus petits que d’habitude, mais on peut avoir des fêtes. »

Même si ses projections sont sombres, Dre Tam a tenté d’offrir un peu d’optimisme en parlant de la distribution prochaine de vaccins.

« Gardez cette lueur d’espoir à l’esprit », a-t-elle dit.

Dans ses prévisions à court terme, l’agence estime que d’ici 10 jours, on comptera entre 11 870 à 12 120 décès au Canada provoqués par la pandémie de COVID-19.

SOURCE – Lina Dib, La Presse canadienne