Alexia Grousson
Depuis des décennies, les mathématiques sont, pour la plupart des adolescents, la bête noire des matières scolaires. Comment réussir à faire aimer ou apprécier cette discipline auprès des jeunes? C’est un domaine que Mikael Taieb a choisi d’explorer.
Comédien de profession, M. Taieb a sillonné les plus grandes scènes européennes avant de se spécialiser dans la magie et, plus particulièrement, dans l’art du cube Rubik.
Auteur et metteur en scène, il a créé le spectacle Mathémagique Show, dont le succès fulgurant lui a permis de se produire en Europe et au Japon.En outre, il enseigne à résoudre le cube Rubik et propose des ateliers de Rubik Pixel Art dans les écoles. Cette technique consiste à créer des œuvres d’art telles que des portraits et des paysages en utilisant uniquement les six couleurs des faces d’un cube Rubik. Certains de ses tableaux, qui intègrent entre 400 à 600 cubes, pèsent environ 500 kg et atteignent deux mètres de hauteur. Ces œuvres sont exposées à Toronto et sont également en vente.
« Depuis l’âge de 9 ans, on m’a catalogué comme un enfant peu académique. Je n’avais pas la même manière de réfléchir que les autres car j’étais à la fois artistique et dyslexique. C’est le cube Rubik qui m’a sauvé. Grâce à cet objet, j’ai compris qu’il existe plusieurs façons de penser et de s’exprimer. J’ai réalisé que nous sommes tous différents, tous extraordinaires et que rien n’est impossible si l’on s’en donne les moyens. C’est le message que je cherche à transmettre aux jeunes », explique Mikael Taieb.
En ce moment, il fait une tournée dans les écoles de la province. Un de ses derniers arrêts était les écoles élémentaires du Conseil scolaire Viamonde de London.
« Je commence l’activité par une petite conférence sur l’importance des mathématiques dans la manipulation du cube. Ensuite, je leur montre en 10 à 15 minutes quelques techniques de base pour résoudre le cube Rubik, afin de dissiper toute frustration ou appréhension qu’ils pourraient avoir. Une fois la peur de l’échec est surmontée, je leur apprends à déchiffrer et inverser les couleurs en trois ou quatre algorithmes. Ensuite, nous travaillons sur la création d’œuvres simples, de modèles ou de mosaïques, comme Pac-Man. Après quelques dessins et manipulations, les jeunes réalisent que cet art est accessible à tous. Même si les mathématiques ne sont pas leur point fort, les jeunes sont capables de les utiliser pour créer quelque chose de ludique, constructif et artistique », raconte M. Taieb.
Mais ce n’est pas tout. Face à ce succès unanime auprès des jeunes, plusieurs écoles souhaitent créer des clubs de cube Rubik. De nombreux élèves ont montré un intérêt sincère envers cette discipline et souhaitent même instaurer des compétitions.
« Il n’existe pas de ligue nationale au Canada. Tout est à créer de A à Z, mais c’est en cours de préparation. Le cube Rubik est un art qui passionne petits et grands. Il fait travailler la concentration et, comme le cerveau est un muscle, il suffit de l’entraîner pour apprendre à n’importe quel âge. Cette année, le cube fête ses 50 ans. Bien qu’il soit souvent considéré comme frustrant, il est clair que cet objet fascine les générations. On parle même de chromothérapie : la manipulation et les couleurs du cube attirent et détendent les gens. C’est un art qui a un grand avenir », conclut Mikael Taieb.
Photo (École La Tamise) : Mikael Taieb enseigne aux élèves de l’Académie de la Tamise des techniques simples de manipulation du cube Rubik et quelques tours de magie.